Tuesday, October 11, 2005

ely ma zab ou la lanterne magique




Ely ma zab, est une inventive, lunaire, qui entre les pauses "au magasin des quatre saisons" s'échappe en attrapant la lumière zénithale. C'est l'époque du bois blanc, meubles nomades, conçu pour les jeunes ménages. C'est la mode des grandes surfaces et le début des meubles en kit.


Mr L. marié trois fois déjà, avait conçu des cubes que l'on empilait pour réaliser les étagères soi-même. Quel incroyable bonhomme! Avec son Défelcot caramel et ses sabots suédois vous imaginez la touche! Un avant-gardiste, tendance beatniks biznessman en plein coeur de la capitale.


Un vent de folie avait soufflé sur Paris et des personnes venues de je ne sais où s'engouffraient dans le magasin. La queue ne s'arrêtait pas de désemplir de l'ouverture à la fermeture. Rue trousseau, Grenelle au dessus du métro aérien, vous pouviez trouver tout ce que la ménagère de moins de cinquante ans désirait : tissus patchwork, coton fermière, porcelaine blanche,lanterne magique, sabots, salon de thé...Le loft divisé en deux, 1 partie accessoires, l'autre partie pour le meuble.

Le kit c'était la trouvaille de Mr L. bien avant que le grand I fasse fortune...L'expédition était simple et les gens de province commandaient sans arrêt. Il eut même fallu que Mr L. demande de l'aide à l'une de ses ex-femmes pour s'occuper de la comptabilité. Ely ma zab est polyvalente, entre deux services en tant que vendeuse, elle répond par écrit aux personnes de province sur les imprimés.

Aux halls à Paris de 11h du mat à 18h, le magasin tournait comme une usine à gaz avant l'expulsion définitive de celui-ci pour la construction du forum...

Alors, avant que le couperet tombe et change encore une fois la vie d'Ely... Elle imagine un monde bollywoodien, où les essences de santal parfument ses projets futurs, pleins d'humanisme.

Au milieu du dix-septième siècle Altan Khan deviendrait une figure emblématique de la religion tibétaine. Altan tenait de son père -adoptif- une histoire ayant marqué toute sa jeunesse.

Un jeune garçon avait hérité, à la mort de sa mère, d’un bout de terre à cultiver. Il y poussait de nombreux fruits et racines, assez pour nourrir toute une famille. Pris d’une grande solitude, souvent, il se rendait au jardin. Son endroit favori se trouvait près des ronces. Ce long mur blanc que sa mère longeait, y cueillir les mûres qu’elle chérissait tant. Son ombre le surprenait souvent. Il croyait y voir le fantôme de sa mère. Mais il ne se passait jamais rien, si ce n’est que le temps prit de l’avance.

Déjà dix ans, le jeune homme n’a rien vu passer. Il se baissa pour arracher à la terre sa nourriture quand soudain derrière lui une feuille lui murmure :

« sss, mmm, je suis mûre, la mûre sauvage de ton jardin, je crois que mes membres sont trop à l’étroit chez toi. »

Le jeune homme, qui n’en était plus un depuis dix ans, se dressa comme un «i ». Son regard balaya le petit bout de terre dévasté. Plus un fruit ne subsistait, les racines étaient rabougries et ces ronces envahissaient tout l’espace.

« Je n’ai aimé que toi petite mûre sauvage et tu es devenue un monstre. »

La plante avait fait le vide, il n’y avait plus âme qui vive. Lentement elle déroula une de ses branches épineuses et vint prendre appui sur ses épaules.

« Sais-tu que je me suis nourri de ton amour, chaque épine, chaque fruit ne bat que pour toi. »

La lutte dura plusieurs jours, elle était inégale. Son corps pleurait le sang en fines perles.

Le père d’Altan Khan disait l’avoir retrouvé, sans vie, couché dans un lit de ronces. A chaque fois qu’il racontait à son fils cette terrible histoire, il finissait par lui dire : « protège tes amis, aime les tous et sois équitable. »

Altan Khan organise l’Eglise tibétaine en 1642 sous les ordres du dalaï-lama.